"This life is like a swimming pool. You dive into the water, but you can't see how deep it is."
J'aurais voulu passer la journée étendue sur le sol de la forêt, occupée à contempler le ciel bleu et ses quelques nuages, mais le destin n'était vraiment pas de cet avis.
J'étais passée il y avait peu, faire un tour du côté de la piscine sans raison précise, cherchant un coin sympathique pour m'installer avec ma basse, à la fois à l'écart de tous et proche de la ville. Enfin bref, les alentours de la piscine étaient parfaits, j'y avais donc élu domicile le temps d'une après-midi. Tout était parfait, les oiseaux qui chantent, l'ombre des arbres qui me protège du soleil, les odeurs de la forêt. Tout sauf Mr Poolcheck, ses yeux exorbités dirigés vers moi, vous n'imaginez pas l'angoisse que je je ressentais. Ce regard, même si tu étais innocent, te faisait te sentir coupable jusqu'à la moelle et c'est donc ce que je ressentais actuellement. Je ne clignai des yeux qu'une seule fois, ce qui suffit à Poolcheck pour disparaître et réapparaître deux secondes plus tard à un mètre de moi, penché de façon à ce que son étrange nez recouvert de crème solaire soit presque en contact avec mon front. Je tentai de légèrement reculer mais l'arbre derrière moi m'en empêchait, je ne pouvais pas fuir.
-C'est toi qui jette ces bouteilles dans ma piscine. Les jeunes n'ont plus aucun respect pour ce lieu sacré, mais méfies-toi, la piscine est beaucoup plus dangereuse que tu ne le penses !Je plissai le regard, me posant des questions sur la relation qu'entretenait cet homme avec la piscine. Je tentai de me défendre, lançant en espérant le convaincre:
-Je ne sais même pas de quelles bouteilles v...-Ne joue pas à ça avec moi petite !J'avalai bruyamment ma salive, passant rapidement à gauche du maître nageur pour m'éloigner de lui avec maladresse, manquant presque de tomber au sol.
-Je jure que ce n'est pas moi, mais je..j'vais vous nettoyer ça, pas de soucis...pas de soucis.C'est ainsi que je m'étais privée moi même d'une formidable après-midi.
***
Mr Poolcheck, bien que mentalement instable, n'avait pas menti à propos des bouteilles, il y en avait des tonnes et j'étais véritablement intriguée par ce qu'elles renfermaient. Mais le patron étant dans les parages, je ne pouvais pas me permettre de perdre mon temps en lectures. J'attendis qu'il paraisse moins attentif pour ouvrir la première bouteille qui passait, en sortir le message et l'enfoncer dans l'une des poches de mon pantalon le plus discrètement possible. Le soleil commençait à vraiment m'irriter la peau, mais heureusement, il ne me restait plus qu'une bouteille à sortir de l'eau.
Je me penchai en étendant les doigts, persuadée de pouvoir attraper le haut de l'objet avec un peu de volonté. Mes ongles glissèrent sur le verre et j'entrai dans la piscine au ralentie, sentant la gifle de l'eau avant même que cette dernière touche ma peau. Je sortis en hâte, espérant naïvement que le patron n'ait rien vu, mais rien n'échappait à son regard d'aigle, une seconde et demie plus tard il était devant moi, la mâchoire serrée. Je m'ébrouai en sortant -comme le ferait un chien- et indiquai d'un signe de la tête au maître nageur que j'avais finit le travail. Il glissa dix dollars dans ma main, aussi mouillée que glacée, que je refusai par peur de subir son hystérie, les yeux pourtant brillant à la vue des billets. La veine qui naquit sur son front fut suffisante pour me convaincre d'accepter l'argent.
Je partis en marchant à la manière d'un automate, extrêmement mal à l'aise vis à vis du nageur et inconfortable dans mes vêtements mouillés. Je récupérai ma basse au passage et courus jusqu'à chez moi une fois sortie du champs de vision de Poolcheck.
A présent verdict, est ce que le message que j'avais subtilisé avait résisté à l'humidité de la piscine ?