Petite boule filante dans la pièce, Toblerone refusait de modifier sa trajectoire. Son objectif, un petit coin sombre, sous l'un des bureaux de la pièce. Rien d'autre n'était assez bon pour la dissimuler à ses yeux. En même temps, elle n'était pas aidée la pauvre petite, avec son pelage aussi blanc que la neige, ses fleurs roses accrochées à ses bois ou encore ses grands yeux rouges. Comment voulez-vous passer inaperçus avec de tels attributs ?

Les obstacles défilaient rapidement, pas la peine de s'arrêter et admirer le paysage. De toute façon c'était laid. Tout était moche ici. Du gris. Du blanc. C'était terne et en plus c'était « zhumain ». Oui « zhumain ». Que de mauvais souvenirs à l'évocation de ce mot. Ils lui avaient tout prit et comme une idiote, elle leur avait pardonné aussi facilement. Ils ne le méritaient pas. Ils lui avaient volé tout ce qu'elle avait. Sa famille. Sa maison. Sa liberté.

Pauvre petite idiote qui c'était éloignée de sa véritable nature en acceptant de se joindre à eux sous prétexte qu'ils l'avaient sauvée. Mais de quoi ? Un de leurs propres pièges. Ce n'était pas de la bonté. Non ! Ce n'était que justice.

A cause d'eux, elle n'avait été qu'une paria toute sa vie. Seule. Elle avait de quoi leur en vouloir et il avait fallu qu'elle soit enfermée dans un jeu « zhumain » pour s'en apercevoir. Une nouvelle fois prisonnière. A chaque fois qu'elle les côtoyait, elle se vendait un peu plus. La jackalope fière et sauvage avait été domptée pour ne plus être qu'un petit chien. Pire, un simple objet que l'on expose. Regardez-la sa belle famille comme elle se l'était imaginée, qui était là pour elle en cet instant ? Personne. Alors qu'elle avait le plus besoin d'eux, elle ne les voyait pas et ne pouvait compter sur eux.

Ils l'avaient trahie.

Elle était fatiguée de tout cela. Les larmes qu'elle retenait depuis tout à l'heure finirent par s'écraser contre son gré. Vite ! Il ne fallait pas qu'on la voit ainsi. Elle alla donc se cacher dans un coin, tentant de se cacher du mieux qu'elle put. Ses gémissements étaient à peine cachés tant sa peine était grande. On pouvait entendre les lamentations d'une petite fille. En ce moment elle n'était plus qu'une enfant perdue.

Les pleurs de la jackalope avaient réussis à toucher ses alliés. Tristan. Alexis. Marwin. Anoki. Mas bien sur, Dipper n'était pas là. Au moins elle était fixée. Elle savait à quel point il « tenait » à elle. C'était décidé, une fois sortis de cet enfer, elle le quitterait et ne remettrait plus jamais les pieds ua Mystery Shack. Elle lui avait accordé sa confiance et il c'était essuyé les deux pieds avec.

Les « zumains » étaient mauvais et égoïstes. C'était un fait. Mais il y en avait quelques uns qui sortaient du lot. Tristan et Anoki. Ils n'avaient pas hésité à mettre de coté la quête pour lui venir en aide. Eux étaient sincères. Du mieux qu'elle put, elle tenta de parler mais ses grosses larmes la faisaient hoqueter.

« - Dé *snif* Désoolée *snif snif* Mais ça fait mal ! Ma *snif snif snif* man ! Je veux maman ! Je veux plus *snif snif* Plus être seule ! Je veux ma famille ! »

Et après ces pleurs, elle sauta sur le groupe, son petit corps secoué par sa peine qui s'écoulait toujours plus. Son petit cœur la faisait souffrir. Ils étaient censés être dans un jeu vidéo, n'être qu'un amas de pixels alors pourquoi est-ce qu'elle avait aussi mal ?

Elle avait mal oui, mais ils avaient raison, ils devaient avancer. Calée contre les genoux de Tristan, elle touchait de ses bois la main tendue d'Alexis. Elle ne lui en voulait pas, après tout elle avait été maladroite mais elle s'en voulait vraiment. Ce n'était pas des paroles destinées à la blesser intentionnellement. Pas comme ce qu'avaient fait les créatures de la forêt. Et puis, elle lui avait proposé de l'aider à retrouver sa famille. C'était une chic vampire dans le fond, même si elle était maladroite.

Elle avait été blessée de nombreuses fois, trahie et rejetée. Mais elle savait qu'elle pouvait leur faire confiance. Après tout, ils risquaient tous leur vie en restant avec elle. C'était une simple preuve de leur sincérité. Oui, maintenant elle traiterait les « zhumains » au cas par cas, plus jamais elle ne leur ferait confiance aussi facilement. Si Toblerone sortait de ce jeu avec ses souvenirs, elle serait plus méfiante envers les humains désormais. Mais elle accepterait Tristan et Anoki, les seuls avec qui elle voudrait communiquer.