Son sourire timide s'en retrouva agrandit aux réaction de la miss. Putain qu'il avait la classe en cet instant. Mais il s’en fichait car on l'acceptait. C'était ce qui comptait. On l'acceptait et on le défendait même. Si seulement elle pouvait comprendre le bien que faisaient ses mots sur son âme meurtrie. De simples paroles qui avaient effacés des années de craintes. Un énième reniflement et le voilà qui effaçait les derniers sillons sur sa peau sombre.

Au moins son humeur c'en était allégée mais il était épuisé. Les émotions fortes n'étaient décidément pas pour lui. Ainsi, pour améliorer l'ambiance qu'il avait si bien détruite, le con qu'il était, il se permit de rebondir sur la remarque humoristique de la jeune femme.

« - J'ai déjà pissé dessus, ne t'en fais pas. »

Était-ce une blague ou la réalité ? Son ton ne le laissait nullement transparaître. En plus, c'est qu'il en aurait été tout à fait capable l'animal. Après tout, il n'était nullement croyant et se fichait des rites qui lui étaient étrangers, du moins pour ce qui concernait son père. Les autres tombes n'avaient rien à craindre. C'était quelque chose qui semblait sacré alors il n'allait pas foutre sa merde dans l'histoire même si leur cimetière avait été bafoué en y voyant construire un manoir dessus.

Ou plutôt qu'on y ai rasé les arbres aux morts. Car si les américains enterraient leurs morts, les amérindiens les élevaient sur des plateaux de bois qu'ils laissaient pendre en l'air ou construisaient des édifices de bois pour les laisser dans les airs. Mais il fallait laisser les morts là où ils étaient et plutôt se concentrer sur les vivants.

La miss attrapa une boite de mouchoirs et le lui tendit. Quelle douce attention de sa part, il n'avait même pas à lui demander. Sans rechigner, il la prit et la remercia tandis qu'il en attrapait quelques uns pour d'abord s'essuyer puis se moucher. Mais loin de laisser les mouchoirs usés traîner sur la table, la feignasse se leva et alla les jeter à la poubelle. Il pouvait au moins faire ça pour elle. Expérience n'étant pas des plus agréables compte tenu du fait que monsieur n'avait que son caleçon et sa chemise sur le cul, autant dire qu'il fut plus que rapide et sauta sur le canapé pour retrouver la chaleur de la couverture sous laquelle il s’emmitoufla avec joie.

C'est à ce moment-là qu'il remarqua le gros volatile qui était venu leur rendre visite, et il comprit rapidement pourquoi : le pop-corn. Il venait de découvrir plus goinfre que sa diva à plumes. D'ailleurs se serait drôle de voir quelles réactions pourraient avoir les deux oiseaux une fois l'un en face de l'autre. Compte tenu de leur caractère, cela risquait fort d'être amusant.

Mais encore plus amusant était ce qu'Apocrypha lui réservé. Un film d'horreur qui ne se prenait pas au sérieux. Il était vraiment curieux de découvrir cela. La laissant donc manipuler la télécommande, il se contenta de s'enfoncer dans le canapé, se collant à elle par la même occasion. Si seulement ce cher Tristan savait qu'en ce moment, l'amérindien était collé... non il devait sûrement être très occupé avec Dipper-je-m'octroie-tous-les-hommages-Pines. Depuis le coup à la fête foraine, son jugement sur le garçon avait changé et il en était à se demander si les exploits d'il y a trois ans étaient vraiment siens.

Concentré sur l'écran, le voilà passé par toutes les expressions possibles et inimaginables. Heureusement que ce film ne se prenait pas du tout au sérieux où il aurait définitivement revendu sa télévision pour que sa petite sœur ne tombe pas sur des trucs pareils en zappant. C'était du grand n'importe quoi. Entre les vampires au sang plus que suggestif, le Q.I des protagonistes, l'humour gras ou encore leur charisme proche de la moule asthmatique. Le pire fut la référence au loup-garou. Tellement con qu'il se mit à rire en chœur avec son amie, tentant de deviner quelle connerie allait leur tomber sur le coin de la gueule.

« - Je l'espère vraiment. Parce que putain, ça ne volait vraiment pas haut tout ça. Je te jure que si un second opus sort, je préférerai me faire sodomiser par un loup-garou que de le voir. »

Petite référence à l'une des répliques d'un des personnages qui l'avait marqué. Sur la jackette de cette merde devrait être marqué une mise en garde pour laisser son cerveau au vestiaire avant de le visionner car en cet instant, il sentait le sien fondre sous les flots de conneries. Se redressant et croisant les jambes sur le canapé, il fixa de nouveau son amie.

« - Au moins ça a eu le mérite de me faire retrouver le moral, j'aurais dut garder un peu de glace pour accompagner le visionnage et me faire cette coiffure-là... »

Tandis qu'il terminait se phrase, le voilà défaire la demi-queue haute pour attraper tous ses cheveux qu'il monta en grossier chignon au dessus de sa tête. Au moins, il avait retrouvé le sourire franc et s'amusait de nouveau avec sa meilleure amie. Non, pas une simple meilleure amie mais une grande sœur. Il avait enfin trouvé quelqu'un à qui se confier et espérait pour être pareil pour celle qui avait tant fait pour elle. Il allait finir par regretter de ne pas avoir redoublé avec toutes ces conneries.

« - Ai-je l'air d'un homme au foyer dépressif ainsi ou dois-je rajouter quelque chose ? Plus de mascara coulant peut-être ? ~ »

C'est que la miss avait de la répartie. Et qu'avait-il en plus ? Une menace ? Comme c'était mignon. Face aux taquineries de son amie, l'amérindien ne pouvait que garder ce sourire mutin mais préféra fermer sa gueule. Il savait pertinemment qu'elle était capable de le maquiller, elle en avait la force et le niveau de connerie suffisant pour le faire. Quand à lui ? Il aurait été heureux de se joindre s'il avait quelques grammes de plus dans le sang.

« - Je m'avoue vaincu. Le maquillage n'est pas mon fort. »

Fit-il tout en levant les deux mains en l'air en signe de reddition face à cette langue mesquine. Mais au moins cela lui avait permit d'oublier ces tracas de tantôt. Son amie quitta le canapé et l'amérindien en profita pour attraper toute la couverture afin de s'y emmitoufler, c'était devenu un bien mauvaise habitude qu'il avait prit. Pendant ce temps, Apocrypha s'étira et s'attarda sur l'horloge. Il était vrai qu'il avait squatté plus que de raison chez son amie. Peut-être était-il temps qu'il la laisse tranquille et rentre chez lui. Certes dehors la tempête faisait rage mais s'il faisait attention, il était certain de rentrer chez lui en un seul morceau.

Mais ce n'était pas du tout de l'avis de la miss qui lui proposa de rester chez elle. À la mention de l'accident, il porta une main nerveuse contre l’arrière de son crâne alors qu'un air gêné se gravait sur son visage. Avait-il pensé trop fort au point qu'elle puisse avoir vent de ses intentions ? Déjà qu'elle devait très certainement se souvenir de celui dont il avait été la victime l'année où ils avaient été camarades, il comprenait qu'elle ne veuille pas réitérer une telle expérience. Et puis, c'est qu'elle avait des arguments de choc la demoiselle.

Alors comme ça il allait avoir l'honneur d'être le premier à entrer dans sa chambre. Si certains savaient cela, nul doute que cela aurait jasé. Après tout, les humains avaient besoin de ragots, de potins à échanger entre eux. Était-ce un moyen de se sentir moins misérable dans le quotidien morne et insipide ? Qu'ils s'amusent comme ils le voulaient, lui il s'en foutait royalement. Comme toujours, cela lui passera à des kilomètres au dessus de la tête. Pas la peine de se tracasser pour de telles conneries.

Par contre, il n'allait pas s'amuser à ébruiter la rumeur. Cela serait contre-productif. Après tout, il voulait que sa meilleure amie soit elle aussi heureuse. Qu'elle puisse enfin goûté au bonheur largement mérité. Surtout après ce qu'il avait compris qu'elle avait enduré. Même si des fois maladroites dans les rapports sociaux, elle n'en restait pas moins une amie très chère et fidèle. Il se devait donc de l'aider du mieux qu'il pouvait.

« - Avec de tels arguments, je ne vois pas comment refuser miss. Laisse-moi juste appeler la maison pour rassurer Chenoa. Je ne voudrais vraiment pas qu'elle s'inquiète de ne pas me voir revenir. Surtout de ce temps-là. Je dois avouer qu'elle a moyennement apprécié le fait qu'on installe son frère dans sa chambre d’hôpital. À mon réveil, je te laisser imaginer comment je me suis fait tuer. »

Ce jour-là, il avait vraiment passé un très mauvais moment et avait découvert que sa petite sœur pouvait se montrer très  incisive et persuasive. C'est depuis ce temps qu'il avait abandonné l'alcool. La volonté aidait à arrêter. Le métis pouvait assurer que la peur aussi. Aujourd'hui encore, il regardait à deux fois avant de prendre un verre offert. Dès fois qu'un regard réprobateur allait sortir de nul part. Même pour des alcools faibles. Le pauvre était traumatisé jusqu'à la fin de ses jours.

Un frisson le parcouru et il en profita pour se relever à son tour, ne quittant pas le cocon douillet dans lequel il c'était réfugié, et se dirigea vers sa veste à l'entré pour y sortir son téléphone et passer le coup de fil en question. Tout ceci étant réglé, il suivi son amie jusqu'à sa chambre.

Lorsque la porte s'ouvrit, dévoilant ce qu'il y avait à l'intérieur, il ne put réprimer un sourire. Il semblerait bien qu'il ne soit pas le seul bordélique ici. Un regard évocateur à l'encontre de la miss, lui dévoilait les prochaines mesquineries qui allaient tomber.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais hein ?

« - Alors comme ça mes chaussettes risquent de disparaître ? Je constate que les tiennes ne sont pas mieux loties. »

Un clin d’œil complice et c'est la tête haute qu'il entra dans le foutoir de la jeune femme, marchant d'un pas exagérément royal avant de se jeter  de tout son poids sur le lit qui n'en demandait pas tant. Anoki dans toute sa splendeur. Irrécupérable. La gueule écrasée contre la literie, il attendait que l'hôte ne vienne le rejoindre. Un peu de repos avant le ménage, car oui il fallait faire un peu de place s'il comptait dormir par terre. Une fois la jeune femme assez proche de lui, il consenti enfin à relever la tête, la fixant tandis qu'il lui posait une nouvelle question.

« - Bon, il est où ce sac de couchage, miss ? Que je puisse monter mon lit pour cette nuit. »

Il semblerait bien que ses paroles aient provoqué plusieurs réactions de la part de la jeune femme : d'abord un tirage de langue en bonne et due forme – auquel il répondit avec joie – suivi d'un clin d’œil pour sa pique sur l'état de sa chambre, et ensuite un haussement de sourcil précédant un lancer d'oreiller en pleine face, lorsqu'il lui avait demandé où se trouverait son sac de couchage. Apparemment la miss avait décrété qu'il dormirait avec elle dans son lit.

Ce n'était très certainement pas lui qui irait à l'encontre de son choix. Déjà parce qu'il n'en avait pas la force, il ne fallait pas oublier que sa meilleure amie pouvait le soulever sans aucun soucis, mais aussi parce que tant qu'à choisir autant sauter sur une place dans un lit bien chaud et confortable plutôt qu'un matelas gonflable au sol.

D'autant plus que ses arguments avaient été très percutants, s'il pouvait s'exprimer ainsi sans mauvais jeu de mot. Bordel, c'est qu'elle savait viser la miss. En pleine gueule et, sous le choc, le convalescent ne put que s'écrouler une nouvelle fois sur le lit. Ne bougeant pas, si ce n'est pour dégager sa vision du polochon ayant servi de projectile et qui entravait sa vue en cet instant, même lorsque la jeune femme se rapprocha du lit et plus précisément de son oreiller.

Bien que silencieux, il restait tout de même très attentif à son environnement. Autant dire que son regard fit peu à peu place à la surprise lorsqu'il s'avéra que mademoiselle cachait dans son oreiller un couteau. C'était quelque peu. Expéditif comme moyen de protection. Du moins le pensa-t-il jusqu'à ce que cette tête de linotte ne se souvienne de pourquoi son amie était un brin prudente. Mauvais souvenirs tout ça.

Ce qu'elle avait enduré autrefois, à jamais son corps et son esprit en seront marqué et il en vint à espérer que les responsables avaient vraiment eu leur juste châtiment. Ne voulant pas s'attarder sur ce sujet sensible, il préféra passer vite à autre chose. Bordel, ils étaient censé passé une soirée entre potes et déjà qu'il avait pas mal foutu la merde avec sa crise de tout à l'heure. Il n'y avait vraiment pas idée, de chialer comme une gonzesse. Pour ruiner l'ambiance, il n'avait pas son pareil. Ce grand con.

« - Je vois. »

Une fois le couteau mis hors de portée d'une main surprise, sa propriétaire vint s'installer sur le lit aussi gracieusement que le métis. À la différence qu'elle pesait moins lourd que lui. Les voici donc : deux sacs de viandes affalés sur le matelas et à profiter d'un instant de calme. Avec une telle opportunité, l'amérindien aurait put doucement se laisser aller et faire ce pour quoi il était connu dans Gravity Falls : s'endormir d'une traite comme une masse. Mais ce ne serait pas rendre honneur à son hôte alors reprenant son énergie, il rouvrit les yeux et d'un ton taquin se mit à murmurer à la dhampire une connerie dont lui seul avait le secret.

« - Dis miss, est-ce que tu aurais un marqueur dans le coin ? Il faut que j'inscrive ça à la postérité, que tu as réussi à mettre un gay dans ton lit. »

Un rire narquois s'ensuivit alors qu'il portait son regard bigarré vers celui, carmin, de la jeune femme sans effacer ce petit sourire lourd de sous-entendus suivi de quelques haussements de sourcils suggestifs. Mais était-ce réellement terminé ? Le métis ne volait pas bien haut dans l'humour. Toutefois avec un peu d'effort, il pourrait aisément aller plus bas. Surtout pour toucher question connerie.

D'ailleurs, il avait à se venger d'un oreiller balancé en pleine gueule non ? La loi du talion. Œil pour œil. Dent pour dent. Le voilà donc serrer le projectile qui l'avait percuté et l'abattre sur son ancienne camarade de classe. Quoi de mieux pour terminer une soirée pyjama qu'une bonne bataille de polochon et compte tenu de la force des deux énergumènes, cela allait laisser des plumes. Et puis cela permettrait de retrouver la bonne humeur, d'autant plus qu'il s'en donnait à cœur joie désormais et enchainait coups sur coups.

« - Vengeance ! ~ »

Mais aussi endurants soient-ils, la fatigue vint à gagner l'humain qui fini par abdiquer. Apocrypha sortait grande vainqueur de cette lutte acharnée. C'est ainsi qu'après lui avoir concédé sa victoire que l'amérindien fini par s'endormir et qu'il passa la nuit chez sa meilleure amie. La nuit passa, laissant place au matin et c'est heureux qu'il la quitta pour reprendre son train quotidien, espérant tout de même que son vieux con ne le fasse pas chier pour la nuit qu'il avait passé en dehors de la demeure Lawrence. Lui et ses idées à la con...