La bibliothèque municipale de Gravity Falls : quel endroit merveilleux ! Oh, c’était le plus incroyable de toute la ville, pour sûr ! Faith n’avait aucun doute là-dessus, rien ni personne de sa connaissance ne pouvait rivaliser avec pareille collection. Pas même lui –c’est pour dire–. Même internet n’était pas de taille face à tous les vieux grimoires qu’elle renfermait.
Après l’acquisition d’un poste dans l’établissement, Faith s’y était tout de suite fait. Contrairement au casino, son job à la bibliothèque, bien que peu cher payé, ne lui demandait pas de grandes capacités sociales et il n’interagissait que rarement avec ses collègues ou avec les visiteurs : l’avantage de travailler tôt le matin, c’est que personne ne l’embêtait.
A son arrivée, il avait eut la surprise de retrouver les lieux sans dessus dessous. Certains livres n’étaient pas à leur place –et quand il disait certain, c’était plus des trois quarts de la bibliothèque, sapristi !–, d’autres étaient franchement abîmés ou laissé à l’abandon sous une étagère. Alors forcément, on est tous étonné quand un marmot de quelques années vient vous porter un livre d’arithmancie appliquée tout droit venue de la section « Contes pour enfants » pour lui expliquer comment tel symbole se lit et où se trouvent les chevaliers de l’histoire.
Le danois avait gentiment redirigé l’enfant vers un livre plus approprié qu’il n’avait pas encore lu et avait mis l’étrangeté avec ses confrères, c'est-à-dire : pas à portée de tout le monde.
Il avait posé des questions à celui qui l’avait embauché et on lui avait de suite résumé les évènements d’avant son arrivée. Le passage de Dipper Pines et de son ami Tristan, ainsi que celui, à sa grande surprise, d’Apocrypha Bathory, la vampire qu’il avait rencontré en automne. Au vu du caractère de la jeune femme –peut être pas si jeune qu’il ne le pensait–, Faith ne la pensait pas responsable du carnage, mais qui était-il pour savoir mieux que les autres ? Pas quelqu’un de grande envergure. On lui avait aussi apprit qu’en l’absence du grand Patron, le bibliothécaire en chef –le blondinet avait frémis rien qu’au nom–, le personnel s’était débrouillé comme il pouvait, aussi vite fait bien fait qu’il l’avait pu. Faith s’était tout d’abord un peu indigné d’entendre que les précieux ouvrages avaient été traités de la sorte. Ils méritaient d’être triés avec soin, nom de Dieu ! Pas juste remis dans une étagère au hasard ! Enfin, ils ne pouvaient pas se permettre de fermer la bibliothèque pendant un temps, et avec la taille de cette dernière, y remettre de l’ordre aurait été impossible sans une pause.
Alors il n’avait pas bronché et avait lui-même décidé de s’en charger, progressivement. Chaque jour, il venait travailler et remerciait les visiteurs qui lui signalaient des livres trouvés dans le mauvais compartiment. Il les triait parfois pendant ses heures de travail, repartait chez lui et revenait dans la soirée ranger encore un peu. Enfin, « ranger » était un bien grand mot. Se promener dans les allées, feuilleter un livre et épousseté certaines couvertures en faisant attention pour repérer les anomalies aurait été plus approprié. Faith était sur un petit nuage. Lui aurait-on donné la permission de dormir dans les archives qu’il aurait apporté illico presto un sac de couchage et quelques indispensables, comme une lampe de poche, une boîte de raviolis et une paire de gants pour manipuler les plus vieux tomes avec précaution !
Il y a quelques jours de cela, le retour du chef avait été annoncé par l’un de ses collègues. Faith avait hâte de le rencontrer, bien plus que le reste des employés. Cela lui avait paru un peu bizarre, puisque personne n’en avait dit du mal, au contraire. Ils semblaient tous avoir beaucoup de respect pour l’homme. Était-il effrayant ? Faith n’en savait rien, mais un amoureux de livres restait un amoureux de livres ! Rien que le polymorphe ne pourrait surmonter !
Néanmoins, il était tout seul lorsque la fameuse rencontre arriva. Étrangement, aucun de ses collègues n’étaient présents. Il était encore tôt quand le blond avait vu rentrer un grand homme –encore un géant, décidément– dans la bibliothèque. Il s’était présenté avec un sourire et une poignée de main avant de lui donner immédiatement des instructions pour tout ranger. Les américains étaient donc tous aussi gran-…Wait, tout re-déplacer ? Comment ça, tout ranger à nouveau ? Et juste comme ça, le bibliothécaire l’avait laissé dans la grande salle.
Faith avait un peu grincé des dents. Une heure, pour ranger ‘’correctement’’ ce qu’il avait passé des mois à remettre en ordre. Bon. Ce n’était pas à lui de décider de ce genre de choses, et il s’était de toutes manières plié au rangement fait par le personnel avant lui. Donc en soit… Avait-il vraiment à se plaindre ? Non, pas vraiment.
Mais quand même !
Just a hour without help, what does he think I am ? A good spirit of cleaning ? Shiva ? murmura t-il à un des livres qu'il tenait dans ses mains.
Un soupire s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’il relevait les manches de son pull. S’appitoyer sur son sort ne ferait pas bouger les livres de leurs étagères.
Quand il fallait s’y mettre… Heureusement, les indications de son supérieur étaient plus que claires, très bien expliquées. Faith trotta vers les rangées de livres qu’il connaissait désormais par cœur pour les redéplacer. Il est difficile de ne pas s’arrêter sur certains bouquins pour les admirer ou les ouvrir, mais le fait qu’il n’est qu’une maigre heure pour finir sa tâche lui permet de rester concentré. Finalement, certains rayons n’ont même pas besoin de changer, comme pour les encyclopédies –et dieu merci, vu la taille et le poids de chaque volume–.
Il avait déjà pris soin de trier les genres par auteurs, aussi il ne lui suffit que de les déplacer en faisant bien attention à conserver leur ordre. Bénis soit ses habitudes de maniaque, cela ne lui prit finalement pas tant de temps que cela. Oh, bien sûr, avec son petit gabarit, il ne peut pas se permettre de soulever une trop grosse pile, mais en y allant progressivement, petit tas par petit tas, il finit enfin par voir le bout du tunnel.
Et ses collègues qui ne sont toujours pas arrivés… Pourtant, c’est bientôt l’heure de la relève !
Il se vengerai en glissant plus de sucre que nécessaire dans leur café la prochaine fois, voilà ! Ça leur apprendra !
Le travail s'écoula à un bon rythme, et au retour du grand monsieur, Faith était assis à son comptoir en train de vérifier les réservations les plus récentes de livres avec un mémo de la nouvelle classification, qu’il réservait aux employés quand ils auraient décider d’arrêter de jouer les poltrons.
Il ne faudrait pas que le nouveau rangement les perturbe pour retrouver certaines œuvres, bien qu’il ne doute pas de son efficacité.