Le soir s’étendait dans les cieux, à l’horizon, plus aucun astre solaire, le ciel était voilé d’une dernière lueur étrangement chaleureuse avant la nuit. En haut, la lune se montrait sous son plus beau « jour », en y faisant attention, on pouvait entrapercevoir certains détails anodins et pourtant au combien importants… En bas, le sol était sec, cela faisait plusieurs jours qu’il n’y avait pas eu de pluie. Plusieurs petites craquelures étaient parfaitement visibles, dans une terre avide d’eau, quelques parcelles d’herbe jaunie se montraient aux yeux indiscrets des passants suffisamment observateurs -ou curieux-, pour s’attarder sur de pareilles choses… et pourtant… S’attarder sur ses choses n’était pas foncièrement mauvais selon Erwin. En face de lui, il sondait une dame arrêtée sur le parvis, elle avait un petit chien dans les bras. La bête tremblotait.

Elle, elle grelottait. Malgré la sécheresse, il faisait froid. Du moins, une brise glaciale commençait à se lever. Quelque part, dans l’obscurité, on voyait se dessiner la lueur de certains lampadaires. Tous ne s’allumaient pas au même instant, les chaumières commençaient à s’éclairer… Cette dame avait un visage rongé par de dures années. Ses yeux étaient enfoncés dans leurs orbites, ses joues étaient vieillissantes, et, elle avait même une petite cicatrice blanche sur le côté du visage, sous sa tempe. Erwin s’approcha doucement de la dernière pharmacie ouverte et alla y acheter des compresses et de l’alcool. Le britannique sortit soudain et s’approcha de la dame, il l’interpella d’un air calme pour lui signaler que l’arrière de ses genoux saignait abondamment. Le médecin l’aida et la soigna en silence, poussant un soupir léger quand il eut terminé son travail, il l’aida à rentrer chez elle avec une politesse infinie.

Pour être accepté en société, faire en sorte d’être au milieu de l’attention ponctuellement, uniquement pour de bonnes raisons, aider quelqu’un, participer à un débat… De fil en aiguille on finit toujours par être récompensé… Sans doute est-ce que vous vous dites… Cependant, le légiste n’est pas de ces gens désirant l’attention des autres, il accorde de l’attention aux autres sans pour autant en avoir besoin de leurs parts. Ce qui l’intéresse ? Erwin aime les humains, il en est certes un, mais il veut comprendre ce qu’il se passe, même si ce n’est qu’un engrenage qui dysfonctionne. Erwin ferma les yeux paisiblement en écoutant les derniers chants d’oiseaux s’évanouissant dans l’antre ténébreux de la nuit…

S’éloignant lentement du logis de la dame respectable, il croisa plusieurs personnes qu’il eut le temps d’analyser en profondeur sans même y avoir pensé ou bien sans même l’avoir voulu. Certains pourraient penser que c’est une bonne chose… Mais tout voir, cela fatigue énormément l’esprit. S’arrêtant enfin sous un lampadaire pour observer les constellations, il s’accorda quelques instants de répit en prenant une grande inspiration… Quand il expira, une légère brume s’échappa d’entre ses lèvres… Il plaça ensuite son écharpe bleutée sur le bas de son visage avant de saisir une cigarette entre son index et son majeur… Il porta la clope à sa bouche et l’alluma. Le reste de compresses était dans une de ses poches avec l’alcool médical. Dans l’autre se trouvait son outil de toujours… Un grand couteau. Les poches étaient suffisamment larges pour ne pas laisser voir la forme de l’arme blanche…

Erwin replaça ses gants en cuir lentement lorsqu’il rangea son briquet en silence… Il entendit des pas se rapprocher. Par la fréquence des pas, ainsi que le nombre qu’il avait décompté sans s’en rendre compte, il présuma qu’il s’agissait de quelqu’un de jeune, faisant des pas moyens, contrairement à lui qui en faisait de grand. Il fut d’abord décontenancé par … la formulation. « Humain? » Le britannique se tourna entièrement face au jeune homme… Une salutation fort polie, mais qui ne manqua pas d’attirer la curiosité du médecin. Il prit le temps d’observer attentivement le garçon. Des cornes… ? Un cerf ? L’humain prit le temps de le regarder, sans répondre, sans foncièrement l’observer avec de grands yeux ou une bouche bée. Non. Il le regardait comme un être normal. Il se contentait de l’observer avec un respect parfait et palpable. Le médecin ne jugeait jamais les autres, il se contentait de tenter de faire des constatations diverses sans pour autant juger ou dénigrer certaines personnes…

L’anglais répondit avec son accent typique, d’une voix neutre, se voulant ouverte, mais pas trop, juste ce qu’il fallait:

« Je suis navré, mais je n’ai pas vu de cerf. Peut-être puis-je, en revanche, vous soigner. C’est une bien fâcheuse blessure que vous avez là. »

Erwin sortit de sa poche une bouteille d’alcool et quelques compresses qui lui restaient. Il avait remarqué la morsure et se mordait l’intérieur des joues en toute discrétion pour évaluer la gravité de la plaie. Il était poli et aidait en général les gens. Oui. La beauté humaine, ou… en l’occurrence surhumaine le fascinait. Observer un corps saigner… Voir les grimaces légères de douleur… Oh non… Voilà qu’il sentait une légère tension dans son bas ventre… Erwin pesta intérieurement et souffla sur le côté, la fumée de sa cigarette pour éviter d’intoxiquer le jeune… être.

« … Pardonnez ma curiosité, mais puis-je savoir pourquoi vous cherchez un cerf ? »

Le médecin n’allait tout de même pas demander d’un coup pourquoi il avait des cornes sur la tête ! Ce n’était pas vraiment poli… et ça aurait été sans doute désobligeant. Il gardait un visage neutre, pâle, il découpa une compresse doucement et déboucha l’alcool pour en appliquer sur le bras de l’inconnu. Ayant préalablement remonté la manche ensanglantée du jeune cornu… Erwin était tiraillé par sa curiosité et son envie de tuer croissante… Il ferma les yeux et se détendit en songeant à autre chose, quelque chose d’agréable… Son violon. Erwin mit un peu d’alcool sur la compresse avant de venir tapoter doucement la plaie pour la désinfecter. Il avait bien entendu épongé le surplus de sang... Il avait pris le temps de bien le regarder… pourtant… Cette créature était une  énigme pour lui. Il ne savait pas. Et ça l’agaçait. Ça l’agaçait au plus haut point. Il désinfecta entièrement la plaie après s’être assuré qu’il n’y avait pas de résidus de peau ni de saleté… Il enroula une compresse autour de la plaie. Silencieux et neutre il releva les yeux vers ceux du cornu, il énonça tout en enroulant la compresse autour de son bras… Il serra bien pour que le sang ne coule plus trop…

« Cela sera suffisant pour l’instant. Tâchez de presser la plaie autant que possible pour faire coaguler le sang et ainsi éviter que l’hémorragie ne se poursuive. »

Erwin espérait que cette conversation allait se poursuivre. Il voulait en savoir plus… Curiosité… Curiosité… Tu le perdras.

La plaie était à présent enveloppée dans les compresses, l’inconnu pressait son bras comme Rwin le lui avait indiqué. Le médecin s’éloigna d’un pas en arrière pour pouvoir observer son interlocuteur de toute sa hauteur, sans pour autant le surplomber aucunement. Il se contentait de l’examiner en silence. Il n’avait encore jamais rencontré de créatures surnaturelles… Des milliards de questions lui brûlaient les lèvres. Des millions d’interrogations s’opposaient à ces questions et des contradictions venaient tout bousculer dans son esprit. Il avait l’impression de redécouvrir un monde longtemps ignoré. Était-ce vraiment… réel ? Pendant un instant, il ferma les yeux comme s’il cherchait à s’éveiller d’un rêve bien trop beau pour être vrai. Cependant, il ouvrit les yeux et vit à nouveau la créature. Peut-être n’était-ce pas réel ? Peut-être était-ce un déguisement ? Après tout, les enfants d’ici étaient comme partout ailleurs, ils s’amusaient à jouer les monstres… Mais ce jeune homme lui paraissait un peu trop grand pour jouer à ce genre de jeux.

Syndrome de Peter Pan ?

Trop simple comme jugement, Erwin. Arrête de chercher la facilité, analyse et tais-toi. Le légiste le regardait. Le… cervidé ? Lui adressa la parole et lui expliqua que… le cerf qu’il cherchait était de sa famille. L’humain cligna des yeux une fois seulement sans comprendre. Il n’était pas normal. La seule explication qui pourrait tout relier était une expérimentation étrange d’un scientifique fou. Ou bien tout simplement une créature surnaturelle. Enfin… Erwin, ce n’est pas ton genre de te rabattre sur les récits fantasmagoriques et surnaturels. Après tout, qu’est-ce qui prouve que tout ceci est réel ? Qu’est-ce qui te dit que tout cela n’est pas, tout simplement, une mascarade, un putain de cirque? Erwin effaça cette pensée et cette voix qui venait le contredire. Il secoua la tête une seule fois, de la gauche vers le droite et observa les yeux de l’inconnu en face de lui.

« … »

Erwin ne savait pas vraiment quoi répondre. Il prit quelques secondes pour réfléchir. Il n’avait même pas informé son interlocuteur qu’il était médecin, ça n’avait aucune importance de le préciser et encore moins de l’annoncer alors que c’était d’une évidence entière. Il répondit enfin avec son accent typiquement britannique, parlant dans un anglais impeccable, poli à souhait:

« Pardonnez-moi, mais je crains ne pas vraiment comprendre. Le cerf que vous recherchez est votre père, je l’entends bien. Je… m’excuse par avance de ma grossièreté, mais… plusieurs questions me taraudent. Si vous le désirez, je peux vous aider à chercher votre père, en revanche, vous allez devoir supporter mes questions indiscrètes, si vous le voulez bien, et j’en suis désolé dores et déjà. »

Wow… Bravo Erwin, tu fais des efforts pour faire de longues phrases… Cela ne te ressemble pas… Tu aurais quelque chose à te faire pardonner ? Oh… Peut-être que tu t’es coupé il y a quelques jours pour éviter de craquer psychologiquement et de te jeter sur la première personne qui passait à ta portée ? Erwin ferma les yeux… Tch. Il effaça à nouveau cette voix de sa tête et observa la créature. Il sortit sa main de son gant et répondit d’un ton neutre qui se voulait être calme:

« Ne vous en faites pas, vous ne m’avez nullement dérangé. »

Il lui tendit la main, un geste cordial. Peut-être devait-il commencer à se poser des questions quant à sa cordialité… Il ne savait pas vraiment comment appréhender cette situation, il faisait donc au mieux comme s’il allait aider une personne. Il avait bien entendu veillé à lui tendre la main opposée à son bras douloureux pour qu’il n’ait pas besoin d’agiter ses muscles. En revanche, il allait devoir cesser un court instant la compression de sa plaie pour lui serrer la main.

« Mon nom est Erwin Ross. »

Se présenter en premier offre un avantage à la personne en face, mais permet également de la mettre davantage en confiance. Erwin ne souriait cependant pas. Son visage n’était pas glacial, mais neutre de toute expression. D’ailleurs, il y songea et esquissa un sourire léger pour paraître plus « humain ». Il ne voulait pas ressembler à un vampire ou à un psychopathe, cela aurait été une erreur fatale. Les erreurs, il ne doit pas en faire pour pouvoir comprendre et poser des questions à cet inconnu. Il devait être stratégique pour comprendre ce qui se passait ici. Cependant, il avait un peur peur d’avoir été trop brusque avec cet inconnu. Il allait devoir subir d’horribles questions incessantes, il n’aimait pas donner l’impression d’être un gentil curieux.

Il ne voulait pas apeurer les autres, il voulait au contraire paraître gentil. Il voulait… comprendre, apprendre. Il ne voulait pas s’ennuyer… Il ne voulait pas penser à cette tension en son ventre. Erwin ne voulait plus songer à la douleur langoureuse montant du bas de son ventre jusqu’à l’extrémité de ses mains. Il ne voulait pas songer au sang coulant sur ses mains en parlant avec quelqu’un… Il ne voulait pas vraiment l’effrayer. Non… Non… Alors pourquoi y songer à présent ? Erwin bougea légèrement la jambe nerveusement durant quelques secondes, le regard fixe, dans le vide. Il reprit ses esprits rapidement, imperceptiblement. Tu as échoué Erwin, tu y as à nouveau pensé. Erwin savait que le moment approchait, qu’il avait envie de tuer. Que cela montait en lui… Alors il ne devait pas s’ennuyer. Pour le bien des hommes et pour son bien. Il reprit ses esprits et observa son interlocuteur, son sourire avait à nouveau disparu. Il était à nouveau calme et neutre. Comme si rien ne s’était passé… Avec un peu de chance, la personne en face n’aurait rien remarqué. À moins d’être aussi observateur que Erwin, c’était peu probable qu’il l’ait vu.

Voilà quelque chose d’intéressant… L’humain souhaitait avoir une journée normale… Il ne savait pas qu’il existait des créatures surnaturelles. Le jeune inconnu semblait tout de même extrêmement poli. Erwin appréciait particulièrement apprendre de nouvelles cultures, côtoyer de nouvelles personnes… Mais tout ceci était particulièrement nouveau pour lui. Il hocha la tête lentement en observant la jeune créature. Oui, effectivement, il semblait y avoir de nombreuses différences de culture entre … Leurs deux… Races ? Le médecin serra les poings doucement, il ne savait pas si ce terme était approprié, dans un cas il risquait gros, dans l’autre, un scandale certain à propos d’un débat n’en étant pas un. Erwin, reconcentre-toi.

Le médecin avait divagué quelques minutes, il observa le dénommé Deekru Ulkivo. Il enregistra son nom dans une partie de sa tête sans aucun problème. Il commença à classifier les différentes informations qu’il avait sur lui a une vitesse très impressionnantes. Il analysait encore davantage sa façon d’être, chaque mot utilisé. Il n’avait pas l’air foncièrement méchant. Jamais s’arrêter au premier jugement Erwin, il peut renfermer un monstre sans nom… Exactement comme toi. Le médecin ne souriait pas, il restait neutre.

« Bien Monsieur Ulkivo. Je tâcherai de vous aider au mieux. »

Simple, clair, efficace. Pas besoin de continuer. Il haussa un sourcil léger en voyant les canines de la petite créature… hum. De Deekru. Il avait l’air sympathique. Si seulement Erwin savait ce que sympathie veut dire. Il ferma les yeux pour les rouvrir ensuite sur le cerf blanc présenté devant lui… Une minute, il avait les pattes comme un tigre… Est-ce vraiment un cerf ? Il hésita un instant et décida de ne pas relever ce détail qui, pourtant, selon Erwin, avait une importance certaine. Le britannique prit une grande inspiration et souffla légèrement en observant à nouveau la photo.

« Hm. Je vois. Peut-être devrions nous commencer nos investigations aux abords de la ville et à l’orée de la forêt, qu’en dites-vous, Sieur Ulkivo? »

La politesse de Erwin était toujours déconcertante, mais, étrangement, une vague impression de calme l’envahit. Comme si quelque chose s’était détendu dans son dos, il sentit une contracture le faire souffrir, il ne grimaça cependant pas et massa une partie de sa nuque en retenant un soupir tremblant. Après s’être mis d’accord sur l’endroit où ils allaient, Erwin resta à hauteur de Deekru en allant à la même allure que l’être intéressant.

« Hm. Sieur Ulkivo, depuis combien de temps êtes-vous ici, avec votre… père ? »

Une idée lui traversa soudain l’esprit… Il afficha soudain une mine pensive. Il tourna ses yeux grisâtres vers Deekru.

« Une minute… est-il capable de parler…? Comme vous et moi? »

Voilà… Voilà le feu de la curiosité de Erwin… Il commençait à s’embraser… Plus rien ne pourrait le freiner.

(HRP: Désolé, c’est un peu court >.<)

Le britannique n’avait aucune idée de tout ce qui se passait dans ce monde nouveau qu’était Gravity Falls. C’était comme s’il était coupé de la réalité de Erwin. Il ne savait pas vraiment ce qu’il se tramait, tout ce qu’il pouvait faire, c’était continuer à suivre le mouvement. Le médecin s’était amusé à suivre des types louches, à les questionner, à les achever lorsqu’ils imploraient le pardon. Comme si l’humain était l’ange de la mort ou de la justice. La curiosité de Erwin lorsqu’il était au lycée s’était tournée vers la démonologie et la hiérarchie angélique. Devait-il pour autant détester ceux qui étaient supposés garder la Terre des démons ? Garder sa mère de la mort ? Erwin sentit quelque chose pulser, monter, puis s’arrêter. Il devait avouer que l’envie de tuer était l’une des plus horribles sensations au monde. Une montée lancinante, langoureuse, le long de son dos, de ses entrailles… Pour finalement le brûler à l’intérieur. Oui… Revenons à notre histoire. Erwin était effectivement comme dans un rêve. Lui qui, à Londres, n’avait aucune idée de toutes les créatures peuplant en réalité son monde… Il venait d’en rencontrer un et l’aidait. Dans ce cas… Et si toutes les légendes existaient ?

Si les anges et les démons n’étaient pas que de simples récits, personnages de fiction ? Qu’adviendrait-il ? Qu’est-ce qu’il se passerait si les autres pouvaient voir le fond de son coeur ? Une ombre l’avait déjà vu. Il avait croisé ses yeux. Il avait vu… ce qu’il y avait et dans son propre coeur, et dans celui du monstre. Il avait su qu’il n’était pas seul. Tous deux savaient. Erwin tourna ses yeux lentement vers les alentours et observa le jeune homme à côté de lui. Ainsi donc, ce jeune homme avait tendance à s’égarer dans ses paroles. Il commençait à pouvoir cerner son personnage. Pas vraiment une menace pour Erwin, en somme. Avait-il des facultés extrasensorielles ? Le médecin n’osait même pas imaginer ce qui pourrait se passer. La lune commençait à briller de plus en plus… Erwin tiqua un peu et prit une cigarette qu’il plaça entre ses lèvres. Il l’alluma avec son briquet et observa en silence l’étrange Deekru.

Erwin n’arrivait même pas à sourire en imaginant le nerf blâmer le jeune homme. Il n’y parvenait pas. Il cacha son air neutre sous un voile de sympathie imperceptible. Il tira une taffe puis souffla la fumée à l’opposée de Deekru pour ne pas l’intoxiquer avec la fumée. Il l’écouta et opina du chef sans continuer la conversation. Il n’était pas très loquace… mais il devait se forcer pour maintenir ce semblant de sociabilité qu’il essayait d’entretenir avec une once de gentillesse… Enfin… Erwin tourna ses yeux vers l’orée des bois et passa dans un petit sentier, restant à côté de Deekru, marchant à allure raisonnable pour un être humain. Bien entendu, s’il avait été seul, il aurait été plus vite, mais après tout, il fallait tout bien observer.

Il tiqua cependant. Quoi? Il ne devait pas l’appeler par son nom de famille ? Soit, alors il ne le ferait pas. Erwin fit une petite moue parfaitement crédible mais qui était, comme le reste, faux. Il baissa le regard légèrement pour poursuivre son petit jeu de comédie et tourna ses yeux vers l’horizon, puis vers les milliers d’arbres tous aussi parallèles les uns que les autres. Il poussa un soupir et souffla la fumée…

« Très bien, Deekru, comme il vous plaira. »

Le britannique observa tout autour, il savait donc qu’il pouvait y avoir des créatures peu fréquentables dans le coin… Peut-être devrait-il être davantage sur ses gardes ? Il y avait un seul inconvénient à être à côté d’un petit bavard. C’était qu’on entendait pas les bruits tout autour.

« Pour ma part, je ne suis pas là non plus depuis longtemps. Un mois tout au plus. »

Il n’épilogua pas. Simple, clair, précis. Il songea à une autre question qu’il pouvait se poser et elle vint d’elle même apparaître dans son esprit.

« Pour être honnête je ne savais pas que des êtres autres qu’humains et animaux existaient dans ce monde. Avez-vous quelques pouvoirs extrasensoriels, Deekru ? »

Erwin tourna ses yeux vers le jeune homme. Il souriait souvent. Ce sourire n’était pas aussi charmant que celui de mademoiselle Pines… Néanmoins, il était vrai. Pas de fausseté, pas de mensonge… Erwin aurait presque pu y croire. Presque.
Il continua d’avancer lentement sur le sentier, observant à leur droite et à leur gauche. Il était attentif. Il entendit quelques brindilles craquer et se stoppa net, pourtant aussi calme et neutre que possible.

(HRP: HEHEHE. A toi de dire ce qui vient, ça peut être un PNJ, bien sûr, pas besoin de baston non plus xDD)

Tout était allé si vite, il avait stoppé net l’être qui était venu les chasser de son territoire. En un instant, Erwin avait su que ce sanglier était plutôt en train de fuir d’un endroit, il avait une patte à demi blessée, qui n’était pas infectée et qui ne semblait pas douloureuse pour l’instant. Le sanglier s’était apaisé, sans doute était-ce pour cela qu’il ne ressentait pas la souffrance. La bête calma sa respiration qui était, avant, extrêmement rapide, beaucoup trop pénible. On aurait dit qu’il était à l’agonie. Et quelle souffrance… Cela raviva quelques ‘émotions’ au médecin qui préféra détourner les yeux d’une plaie devenue trop discrète pour être remarquée par le commun des mortels. Mais, alors qu’il tournait son visage dans la direction d’où venait le sanglier, il s’avança et crut l’apercevoir. Lui. Ce n’était pas la lumière qu’il voyait au loin. C’était un fantôme passé. Erwin, tu ferais bien de dormir, qui pouvait croire qu’il y a cet homme qui a réduit ton enfance à la souffrance, ici bas ? Il cligna des yeux et l’ombre s’effaça. Décidément, les heures de repos, il en avait besoin. Les feuilles bruissaient plus loin, le vent s’engouffrait dans une brèche et, là où il n’y avait que ténèbres auparavant, se dessina une silhouette blanche. Il crut voir un cerf.

Encore une illusion? Une hallucination ? Un cauchemar ? À vrai dire, l’humain ne savait pas quoi penser. Il se tourna vers son acolyte du jour et étira un semblant de sourire qui, quelque part en lui, sonnait faux. Il s’avança vers le sanglier, la main toujours posée sur son long couteau de cuisine, il se saisit d’une cigarette, la porta à ses lèvres et l’alluma. Il souffla doucement l’air toxique et observa le jeune homme.

« Hm. Une balade en sanglier. Amusant. Cela me tenterait bien si nous ne cherchions pas quelque chose. Pourriez-vous lui demander, si vous en avez la faculté, s’il a vu votre… ‘père’ ? »

Erwin observait les alentours. Ceux-ci semblaient se dessiner comme des monstres dans la nuit. Il lui semblait entendre des horreurs. Il lui semblait ressentir une haine contenue. La même haine qui l’animait parfois le soir lorsqu’il avait des cauchemars… Et pourtant, il n’y avait personne autour de ce petit groupe. Peut-être avait-il vraiment aperçu le cerf ? Peut-être que ce n’était qu’un rêve. Sa vie est un perpétuel cauchemar, comment pourrait-il apprécier l’espoir d’une lumière au fond de l’obscurité profonde de la forêt devenue menaçante. Là où il n’avait plus de repère, le médecin observait avec attention chaque élément, avec une rapidité déconcertante. Il ferma les yeux en silence et souffla la fumée de sa cigarette.

Ainsi donc les pouvoirs de cet être étaient définis par son sang. La hiérarchie, s’il y en a une, devait être particulièrement stricte avec ce genre d’actes… Le tueur observa le sanglier et resta extrêmement calme. Beaucoup trop calme d’ailleurs. Il n’avait même pas vacillé ni même haussé un sourcil face à l’arrivée de cet être. Aurait-il mieux valu qu’il feigne avoir été surpris ? Cela lui aurait peut-être été préférable en effet. Mais à force de croire ressentir des émotions, ne finit-on pas par véritablement en ressentir ? Il espérait que non. Cela serait un véritable frein pour lui et, de toute façon, il savait que seul le néant l’attendait à jamais.

« Dites-moi, Deekru, sur le sentier d’où venait notre petit perturbateur, voyez-vous votre père ? Je crains que ma vue ne soit plus aussi bonne que auparavant. »

Illusion ou réalité, la suite nous le dirait.

(HRP: J’suis désolée pour l’attente, j’ai de gros soucis d’inspiration avec ce personnage >.< je m’excuse platement !)