Traînant sa carcasse le long du jardin pour épouser le pâle baisé de la lune, une ombre glissait contre le mur, prenant de temps à autre appui contre le nid familial pour ne pas faillir, sublime souveraine au chignon défait, vacillant sur ses talons haut. Il est tard, plus tard qu'elle ne l'aurai voulut et pourtant l’infatigable cheerleader hésite à l'approche cette porte semblant lui promettre un repos nécessaire, resserrant doucement ses doigts engourdit autour du trousseau de clef avant de, finalement, le jeter dans son sac à main et rebrousser  chemin. Ses longs cils vinrent alors s'abattre sur ses vertes iris, jetant un pudique voile sur ses émeraudes brisé comme pour les préserver ne serait-ce qu'un peu du regard lunaire et de son dictame éclat tout en foulant, d'un pas hasardeux mais guidé par l'éther, ce jardin qui lui semblait soudainement étranger. Et cette tente qui se dessinait devant elle, avait t'elle toujours eut cette allure monstrueuse, sauvage cerbère menaçant son approche ? La brune frissonna, mordu par le vent humide et l'éclair qui guettait mais n'esquissa pourtant plus aucun pas, dardant une allure souveraine face à cette chimère de tissus qui lui renvoyait avec véhémence un sentiment vagabond, celui de ne plus être à sa place. Alors elle bomba la poitrine cette reine sans couronne, vit abattre les guillotines de son regard sur cet intrus et défit d'un grondement à peine perceptible cette image qui malmenait son autorité et menaçait en silence chaque parcelle de son territoire. Cette Bête déformé par l'ombre et l'éclat lunaire menaçait par sa simple existence sa famille. Son entière famille. Et s'érigeait en véritable blasphème au regard de l'aînée Smilovski, hérésie à l'enseignement maternel. Némésis à abattre. Peut être devrait elle éviscérer de ses escarpins ce monstre de tissus et brûler sa carcasse pour ne laisser aucune trace, consumer la vérité sur un bûcher et ne prendre que pour témoins le murmure des étoiles ? Certainement. Très certainement, mais cet ange déchu demeura immobile, passant son poignet au frontière du regard pour en chasser la fatigue et le maquillage faiblissant. Elle le devine sans peine, sa froide majesté s'est changé en panda épuisé, l'alcool au bout des lèvres et le désespoir pour toute couronne. Pitoyable.

Son père avait raison, comme toujours, et consumer ce peu de liberté qu'incarnait le refuge de Freaky Pines et Tristâche est contre productif, June le savait. Et pourtant, l'alliage de leur deux esprits trop fertiles l’effrayait au plus haut point. Tout les derniers événements encourut l'effrayait à dire vrai, nécrosant jusqu'à la moelle son allure de meneuse infaillible pour la semer au gré de cauchemars auxquels elle ne parvenait plus à échapper. Sa vie semblait être devenue une perpétuelle fuite, et si elle parvenait encore à montrer les crocs, menacée, blessée et acculée jusqu'aux morsures, c'était animée par l'instinct de survie qu'elle parvenait encore à se mouvoir cette féroce louve. Mais elle s'épuise l'impitoyable June, et ses nerfs d'amazone se blessent toujours trop contre l'armure de son frère. A croire qu'il était définitivement trop tard pour parvenir à graver à même cette caboche têtue les consignes de leur mère. Tant pis. Fait ce que tu veux Tristan Smilovski. Récupérant d'un geste gracile l'ultime pinte de la soirée, June s'efforça de chasser ce torrent d'émotion contraire qui menait à ses si précieuses iris quelques perles de sel auxquels elle résistait depuis le début de la soirée. Tout vas bien. Mais le sommeil manque, la sensibilité s'écorche, et la maison familiale se fait terrifiante une fois drapée de ténèbres. Allez, un peu de courage. Si un monstre venait à guetter tes petits petons à la sortie du lit, il te suffirait de l'étrangler. Non ? En aurait-elle seulement le courage ou la force ? Brusque, l'orage éclata au dessus de cette diaphane nymphe, scellant le mariage de son rouge à lèvre et d'un alcool bon marché qui lui arracha un frisson dégoutté. Son corps le rejette, altier, et tient bon lorsque la nausée s'impose, cherchant désespérément à purifier des entrailles viciée et pourrissantes qui l'accueille maladroitement. Souillé de l'âme à l'épiderme, les étoiles semblaient pleurer sa déchéance, voilés par la nue tempétueuse et une pluie qui se fit aussi soudaine que torrentielle. Alors, l'espace d'un instant June épousa cette pluie salvatrice, contemplant la mort dans l'âme ces ténèbres constellés qu'elle s'était tant plu à contempler et ce, avant d'engager son pas blessé jusqu'aux portes de sa tanière. Tout va bien. Chassée par le vent hurlant et une pluie farouche, assourdit par un désagréable sentiment qu'elle ne parvenait à qualifier, June plaqua soudainement son verre sur la table avant de libérer ses talons d'escarpins assassins, malédictions pédestres qui lui avait valu sur le chemins quelques maladresses sanctionnant ses pauvres chevilles. L’ego pouvait cependant se voir flatter, aucune chute n'était à déplorer. Il fallait avouer que son sens des apparences semblait à tout épreuve, et se faisait bien plus farouche encore au contact de l'alcool, sauvegardant ce peu de royauté qui semblait lui sied à merveille. Mais voilà, veillée par le toit des Smilovski, ses allures souveraines volent en éclat et c'est plus péniblement que la grande et superbe June vint traîner son cadavre jusqu'à sa chambre, y jetant sans grande délicatesse son sac à main aux pointes de la mode mais témoin de sa perdition pour au final, la contempler s'écrouler sur le matelas dans un grondement significatif. Elle est fatiguée. Tellement fatiguée, mais la compagnie des froides ténèbres la maintenait dans une somnolence trop fragile. Celle la même qui la pique désormais en cours. Ainsi vinrent battre ses jambes à la manière d'un chat courroucé, claquant au rythme de ses frayeurs une couette malmené qui lui sembla jouer les banquise tant elle ne parvenait à réchauffer son épiderme gelé.


Alors, sans doute mue par le désespoir et l'alcool, avouons ce qui est, ce fauve autrefois superbe se laissa glisser le long du matelas pour se changer et au final émerger de cette chambre qui suffisait habituellement à rassurer ses nuits. Adieu égo et principe, elle avait viscéralement besoin de sommeil et il fallait croire que seul les grands moyens étaient efficace dans ce genre de moment. Perdue, embrumée, traînant son cadavre trop vif le long du couloir, hésitant mainte et mainte fois pour au final se résigner d'un faible soupir,  la brune finit par pénétrer le territoire d'un autre et se laisser mollement tomber sur le matelas, roulant au plus près du bord pour marmonner un "Ose me pousser, et je m'assure de vider mon estomac sur ton matelas. Il est en train de crever... Tu auras surement des paillettes sur ta couette, mais flemme de me démaquiller. J'nettoierais demain..." qui signa sa reddition totale pour la journée à venir. Mais elle soupire June, comprenant qu'échouer ici était décidément trop facile et représentait en soit, un terrible majeur dressé en direction de ses plus bas instinct. Et pourtant, avait-elle d'autre choix ? Peut être aurait-elle dû tambouriner comme une forcenée contre la porte de son père, un glapissement aux lèvres, et la terreur au fond de l'oeil ? Nop. Nop. Nop. Plutôt s'étrangler à coup de crise d'angoisse ou finir dévoré par les monstres tapis sous son lit. Alors que foutait-elle ici, l'oeil désespérément accroché au mur et le coeur serré ? Il fallait croire que le réveil vif et inquiet dispensé par son frère la dernière fois avait su rappeler a son coeur quelques tranquilles émotions alors, s'il hantait chacune de ses nuits, lui et sa mère, épousant un imaginaire trop fertile et bercé à l'horreur, il lui sembla sur l'instant incarner, peut être, le meilleur remède contre ses terreurs nocturne. "Tristan ?" Si le murmure vacille et s'étrangle aux frontière des lèvres, ses muscles répondent aux directives et se tournent lentement, comme de peur d'affronter l'une de ces figures horrifiques qui hantait ses pires cauchemars. Elle en tremblerait presque, la terrible June, mais transgresse l’appréhension d'un geste dictame, cependant suspendu aux plus près de ses mèches d'or. Elle se ravise la brune et réajuste sa position à la place, détaillant du bout des cils ce visage qui lui semble tant étranger. Depuis combien de temps n'avait-elle pas réellement prit le temps de l'observer ? Trop, sans doute, alors elle demeure statique la brune au regard d'émeraude, un bien pâle sourire aux lèvres, écorché. Fébrile. Elle ne sait par quoi commencer, quoi dire, quoi taire, et c'est inlassablement que ses pupilles agrippe ce visage avec attention, éconduit cependant par un bâillement qui alourdit ses sens. "Tu me manque, tu sais" Murmure t'elle en fermant l'oeil un instant. Un simple instant qui lui semble pourtant éternel.  

Levant le voile de ses cils au contact de cette caresse, voix familière qui la berce autant qu'elle la blesse, June épouse avec appréhension un visage dont elle peine à reconnaître les traits, et se perd entre ses pupilles de jais, attentive. Effrayée. Il y a quelque chose qui se tapis insidieusement sous ces angéliques traits, elle le devine, comme à chaque fois qu'elle finit par regarder sous son lit en quête de quelques démons venu mordre ses rêves mais qui, au final, ne se laissent jamais surprendre par son perçant regard. A dire vrai, elle a finit par se rendre à l'évidence et mettre tout ceci sur le compte de sa paranoïa naissante alors, grisée par le baisé de l'alcool, affaiblit par un sommeil infernal, quel crédit peut elle accorder à ce ressentit vacillant ? Elle a rêvé. Tout bonnement, et c'est d'un geste presque las qu'elle balaye les vertes paillettes niché sur ses paupières du revers de son poignet, laissant cependant ses iris guetter une approche fraternelle qui se fait hésitante. Les mains se tendent à mesure que sa propre échine se courbe sous le poids de l'instinct, mais se ravisent finalement prudentes, condamnant le dos de June à un redressement significatif qui lui accorde un semblant de sauvage. La lionne s'est éveillée, et c'est un oeil perçant qui s'appose sur les vêtements de son frère. Etait-il sortit ou s’apprêtait-il à le faire ? Etait-ce maudit Pines qui l'entraînait loin du nid familial pour au final le perdre dans ses chasses insensés, celles là même qui finiraient par tôt où tard leurs briser les ailes ? Sans doute, et ce constat glace à jeune femme jusqu'au cœur. Alors, à genoux sur ce lit qui n'est pas le sien, cette louve à la noire crinière soupire un instant, réalisant que tout ses cris ou menaces ne parviendraient à enchaîner véritablement Tristan à cette cage qu'elle lui tend depuis trois années déjà. Mais par Sirius et Véga, elle préférerait se crever le coeur plutôt que le savoir errer ci et là en quête de chimère, sous le grondement de l'orage et de ses ténèbres, en compagnie d'un Pines. Brrr. Et pourtant Tristan semblait irrépressiblement attiré à eux ; lorsqu'il ne jouait pas les chasseurs de paranormal, il détruisait l'égo de sa peste de soeur en se nichant sous les conseils vestimentaires de Mabel. Conseil qui... Qui... Pfieu ! La langue se tord pour taire un sursaut d'orgueil qui aimerait plaquer sur ces deux joues offertes de cinglant propos mais se perd finalement, désespérément accroché à la douceur que lui offre Tristan. Il la tuera. Si ce n'est pas dans son sommeil de la plus vile des manières, ce sera par ce regard de chiot battu auquel elle peine à résister. Comment peut-il encore tenir entre ses doigts cette tendresse nécessaire que balaye pourtant méthodiquement la brune de ses sauvages coups de griffes ? Il est, et restera toujours trop doux pour cette vie. Trop pur pour ce monde. Et le constat plaque son propre coeur au sol pour le consumer de la pire des manières. Peut être devrait-elle le secouer, lui hurler de ranger sa douceur face aux monstres de son genre, le supplier de se faire plus dur ou rusé, mais elle demeure statique la féroce June, le regard tremblant, la larme pendu à cette délicatesse à laquelle elle s'efforce de faire face. Elle n'y arrive pas. Elle en a viscéralement besoin, et s'il ose un mouvement et se ravise, elle fait de même, cloué à une place qui n'est pas la sienne. Et elle se sent stupide la jolie June, incapable de lier ses doigts à ceux de son frère. Regrettant presque ses souvenirs d'enfances où elle finissait irrépressiblement happé par ses étreintes, radieuse et superbe. Il lui manque. Viscéralement. Mais quelque chose s'est brisé en elle,  et à chaque fois qu'elle s’apprête à recoller les morceaux, à rebâtir cet oeuvre qui était la leur, le verre glisse entre ses doigts et la blesse jusqu'à l'âme.

"I always have bad dreams, you know... So, one more, one less, as long as I have my makeup, it doesn't matter. "

La réponse se veux douce, mais le regard de la brune trahit la situation. Non ça ne va pas. Plus rien ne va, et dieu qu'elle déteste exposer ce genre de constat. Si elle a toujours été la moins forte des deux, c'est aujourd'hui sous son jour le plus lamentable qu'elle se traîne jusqu'à un frère. La hiérarchie familiale voudrait pourtant que sa position d’aînée la fasse plus stable, plus forte, plus féroce que ce qu'elle est, mais il semblerait que ce soit toujours Tristan qui veille sur ses grands yeux verts, dictame et lumineux, arborant ce rôle protecteur qu'elle ne parvient à assumer. C'est pourtant à elle de le protéger. Pas l'inverse...
"You...want something? You misunderstand the fridge with my room ?" Surprise, June redresse le visage et darde sur le blondinet un sourcil circonspect qui finit par s'adoucir au contact d'un rire qu'elle suit timidement, un pâle sourire aux lèvres. Mais il baisse la tête son petit Tristan, et le fauve au regard d’émeraude soupire presque. A quand remonte leur dernier éclat de rire, sincère et commun ? Elle l'ignore, mais se souvient avoir essayé après le départ de leur mère, et ce avant de finalement s'écrouler et se briser au sol, en mille éclat.  Alors Tristan avait fait le premier pas, encaissant les coups de griffes et propos acérés, jouant de douceur et effort à l'encontre d'une chimère aux crocs devenu rancuniers, mauvais et féroces. Mais il avait toujours réitéré l'effort, précieux petit ange, alors pouvait-elle, pour une fois, engager la danse ?

"Tu comptais sortir voir Frea... Dipper ? " Mouais. Sujet épineux et rattrapage inextrémiste sur le Freaky Pines 1. Bravo June. Bravo. La brune étire discrètement son dos engourdit et réajuste sa position pour trouver place en tailleur, offrant un instant une main hésitante au blond pour l'inviter à s'asseoir. Et en plus elle fait comme chez elle. Encore mieux. "Tu sais... Je veux juste que tu fasses attention... Je... On n'a pas le droit d'étouffer qui tu es mais... Sois prudent. Genre...  Laisse tomber, haha. L'alcool me rend bavarde et je suis sans doute bourrée. Ca craint. De base j'étais juste venu squatter parce que ma chambre est terrifiante une fois plongé dans le noir. J'aurai dû garder ma lampe licorne en fait..."

Elle fronce légèrement les sourcils en se remémorant ce sursaut de colère à l'égard de son frère et Dipper parti en expédition paranormal qui avait irrépressible conduit sa lampe à une rencontre plus ou moins volontaire avec la fenêtre. Mouais. Maudite impulsivité. "Par contre, si tu fais tes adieux définitif à ton bonnet, je veux bien le récupérer ! Il était cool. C'est dommage que tu ne le met plus. "

Une inspiration au bout des lèvres, la louve au regard d’émeraude se bloque presque au contact de cette iris humide que souligne le froid éclat de lune, saisissant son cœur d'un mouvement brusque pour le crever contre le parquet. Et si elle ne tremble en aucune manière, fière et souveraine lionne qu'elle est, c'est qu'elle semble simuler la Mort, dissimulé derrière ses lèvres pincées et son regard vacillant. Elle tient pourtant bon l'aînée Smilovski, redresse sa posture et fait face du bout de ses cils pailleté pour abattre sur ce visage de sauvages coups de griffes qui se veulent impitoyables mais qui n'effleurent pourtant en aucune façon l'éther de cet ange qui s'offre à elle. Il ne va tout de même pas pleurer, si ? Oh que non. Range cette mine de loutre Tristâche, ça ne prendra pas, tu n'entraînerais pas ta sœur dans ta déchéance lacrymale. Ca serait un coup à l'abattre froidement contre ce lit qui n'est le sien.

Il n'est pas question que ce blond au sourire trop enjoué outrepasse les murailles qui se dresse entre eux alors, à la manière d'une amazone jeté dans l'arène, sa sœur se prépare au combat, renouant avec un semblant de lucidité qui la rappelle à l'ordre. Et s'il répond à son invitation en prenant place tout près d'elle, June bande ses muscles, prête à claquer un vif un index sur son front pour le maintenir à distance en cas de rapprochement trop awkward. You Shall Not Pass ! Nev.. Wait. Il passait véritablement ses bras autour d'elle là ? Wowowo. Sortilège ! Hérésie ! Que l'on appelle l'Inquisition sur le champ ! Mais il outrepasse toute distance de sécurité ce blond, passant ses bras autour de son épiderme tendu comme on se saisirait d'un petit animal, blessé et acculé contre un coin de pièce. Et s'il progresse sans peine, June ne parvient à le repousser comme elle le voudrait. Peut être devrait elle mordre ou crier, se refuser à se contact avec la véhémence d'une harpie ou lui plaquer sur les joues ce sursaut sauvage qui la pique, hélas, prise dans ce nid de coton, aucun de ses muscles ne semblent vouloir répondre à la panique que hurle son cœur palpitant. Alors il se tord ce minuscule organe, se courbe dans la douleur pour au final imploser contre une excuse qu'elle ne comprend pas. S'il ne veut plus mettre son bonnet c'est son choix, qu'il ne se perde pas en bas pardons pour si peu. Affirmer ses goûts n'était pas un mal et... Et pourtant, si la brune cherche un instant à s'indigner d'une excuse qu'elle ne formule plus, ses iris s'accroche à ce visage trop doux, souillé par les larmes et des affres sans doute arraché aux lacérations mentales qu'elle a su méthodiquement lui appliquer. Ne craque pas. Par pitié, ne craque pas. D'un mouvement qui se veut tranquille, June réajuste sa position et inspire, balaye d'un mouvement sec ce tremblement qui menace sa voix et qui guette de faire voler en éclat le peu de superbe qui lui reste. Tout va bien. Tout ira bien. Et si Tristan resserre un peu plus son étreinte, June accroche les émeraudes de son regard au plafond, comme pour luter contre cette humidité qui la guette. Elle devait le repousser au plus loin, fuir et s'enfermer dans sa chambre à double tour dans un sinistre claquement et pourtant, elle n'y arrive pas. Figé entre ses bras. Elle ne sait plus comment réagir au contact de ce frère qu'elle s'efforce de haïr et ce constat la glace jusqu'au sang. Devait-elle se faire plus douce après trois ans ? Sans doute. Forcément même. Ce simple fait bercerait le coeur de son père et le nier sonnerait comme une hérésie à celui de sa fille, et pourtant... Si elle finissait par rentrer les crocs, qui lui assurait que tout irait pour le mieux ? Qui lui assurait que Tristan comme Sam se ferait raisonnables ? Qui lui assurait que Tristan rangeraient tout intérêt pour l'occulte et que Sam cesserait d'accueillir Dipper Pines avec tant de bienveillance, alors même qu'il avait une influence plus que néfaste sur son fils ? Personne. Et si elle avait finit par accepter l'absence de caméra, il n'était pas question de céder sur ça : Aucun chasseur de paranormal n'avait le droit de franchir le seuil de sa maison en toute impunité, tant et si bien que la bienveillance accordé par son père à cet ami tant chéri par son frère étranglait sensiblement June Smilovski. Certain nommerait ça le Karma, il fallait avouer qu'elle avait véritablement voulu étouffer la nature profonde de cet ange au doux regard et ce, jusqu'à la faire disparaître. Rien de plus étonnant à ce qu'elle s'étrangle à un collier similaire. Mais était-ce vraiment un mal de vouloir l'enfermer si cela le précipitait dans un nid qui ne risquait rien ? Si cela les précipitaient dans un nid qui les protégeraient tout les trois ? Etait-ce vraiment un mal de dresser des barrières au cas où leur père, cet antique Titan ne suffirait pas ? Si cela empiétait sans vergogne sur les libertés du groupe, sans doute...

Une inspiration profonde au bout des lèvres, contrôlée, impeccable, June se défait délicatement de l'étreinte subit pour s'adosser au mur et, après quelques instant d'hésitation à peine, ramener son frère contre elle. Elle le regrettait déjà et pourtant, tant pis. Elle feindrait l'absence de souvenir au petit jour, arguerait qu'il s'agissait là de sa dernière soirée et que jamais au grand jamais ça ne se reproduirait. Quitte à jouer de regard belliqueux. Tant pis pour sa légendaire superbe, elle jouerait les larves pour taire cet écart. Doucement, renouant avec une délicatesse qu'elle avait méthodiquement brisé durant les trois dernières années, sa main vient effleurer les mèches du jeune homme comme pour reproduire ce geste maternel qui avait toujours su la rassurer et qui, elle espérait, panserait le coeur de ce frère qu'elle devinait aussi las que le sien. Ne pleure pas. Par pitié ne pleure pas. La brune inspire de nouveau comme pour taire le sursaut d'émotivité qui pique ses impitoyables iris et finit par doucement les plonger au plus profond de leurs homologues humides. Et dieu sait qu'elle aimerait lui glisser toute les excuses du monde à ce moment précis, sécher ses larmes de douces promesses et draper ses épaules de jours meilleurs, mais sa langue se tord à la manière d'un serpent et c'est d'un sourire en coin que la brune contre ce sursaut d'empathie.
"C'est le truc le plus awkward qui ait pu se passer sous ce toit. Allez, bouge, le frigo va croire que je le trompe et si je ne mange rien, je ne suis pas sûre de survivre à cette nuit. L'alcool c'est désastreux."

Elle relâche son étreinte et le décale doucement sur le côté comme pour glisser hors du lit, après avoir cependant décrocher une feuille de pin accroché au costume de son frère. A croire qu'il venait de rentrer lui aussi... Disparaissait-il régulièrement une fois la demeure familiale endormie ? Étrangement, si le constat étrangle son coeur, il ne l'étonne que trop peu et c'est d'un bien pâle sourire que la brune accueille la nouvelle. Elle ne pourrait pleurer une seconde personne, par pitié Tristan, fait attention à toi. Et si son pas s'engage vers le couloir, elle marque un temps d'arrêt, figé sur ce florilège de pensé qui semble de toute les manières vouloir la faire vaciller. "Trop épuisé par ton rendez vous ou tu viens manger avec moi ? Ca sera un petit déjeuné en avance. "

La proposition est jeté de manière nonchalante, presque désintéressé et si le regard de la jolie brune ne croise en aucune façon celui de son frère, c'est pour s'accrocher à l'orage qui crache dehors, féroce et sauvage. De tout les aléas climatiques, l'orage était peut être son préféré, apaisant en une certaine manière. La contemplation et brève mais suffisante alors, doucement la brune reprend son pas, disparaissant au détour de la porte.

Le pas alourdit par une torpeur venu s'abattre sur ses épaules, l'ombre au regard sylvestre traîne sa carcasse le long du couloir, épousant le mur à la manière d'une antique colonne venu soutenir son temple. Dans une lenteur semblant calculé, cette fée au geste autrefois éthéré porte son poignet à ses iris pour en chasser toute la léthargie qui mord ses muscles et finit, irrépressiblement, par stopper le pas quelques mètres plus loin. Elle est épuisée. Toute cette situation la consume un peu plus chaque jour et si elle avait espéré un temps parvenir à traîner son frère dans cette perdition de l'âme qui la tenait, il faut croire qu'aujourd'hui tout ceci ne l'amuse plus vraiment. Seule demeure cette folie sourde à laquelle parfois elle cède, ces pulsions et aigreurs que déteste tant son père et qui semble pourtant nécessaire à cette fille semé en chemin. Comment peut-il seulement espérer que tout ceci se déroule autrement … ? Et pourtant, voilà que le fils prodige émerge de son sanctuaire, embrasse la pénombre pour au final devancer sa sœur et attiser de sa simple présence le feu de son regard. Comment peut-il tenir entre ses doigts cette étincelle si infime et pourtant vivifiante au plus haut point ? Plus de douceur dans le regard que toute celle qu'offrira un jour ce bas monde et ceux qui l'entoure ? Et ce sourire, cet éclat de bonheur qui la dévore pourtant jusqu'à l'âme, la confrontant brutalement à cette mer qui les séparent...

Pourquoi faut-il qu'ils soit aux antipodes l'un de l'autre ? Orphée et la l'Infernale Bacchante. Si... Différents. Elle l'ignore, profondément, du moins c'est ce dont elle essaye de se convaincre depuis certaine discussion échangés avec son père. A dire vrai, elle le devine aujourd'hui avec aisance et si elle peine encore à se positionner quant aux nouvelles qu'elle s'est efforcée d'affronter noblement, il faut croire que, finalement, elles ont su chamboulé au plus haut point ses valeurs les plus intimes. Encore aujourd'hui, elle craint parfois de voir ses émotions sombrement manipulé et n'appartenir qu'à une vie de mensonge, et si elle parvient à trier le tout, se rattacher à des valeurs et idée spécifiques, certaine de ses plus intimes conviction on su se voir ébranler entre les lèvres de Sam Smilovski. Aurait-elle finalement remise en question les propos de sa sacro-sainte Mère ? Peut être. Ou peut être a t'elle finalement saisit l'urgence de ces valeurs maternelle plaqué sans relâche aux joues de Tristan à la manière de claque... Quoi qu'il en soit, si le mutisme a trouvé terreau fertile en ces derniers événement, jamais la terrible June Smilovski n'aura autant réfléchi que durant ces dernières années. A-t'elle pourtant osé seulement imaginer prendre la fuite, au plus loin du clan Smilovski ? Il faut croire que là s'ancre une constante. Ce sursaut d'orgueil qui se refuse à décamper face au pire fléau et ce, sans ce père auquel elle se pend trop souvent et ce frère, ce maudit frère dont elle ne parvient à se couper. Fuir oui, mais sans eux serait une insulte au bon sens. N'était-ce pas pour ça qu'elle avait préparé ces trois sacs à dos sagement posé contre son armoire et ce, à peine les cartons d'emménagement défaits ? Qu'elle avait passé ses premiers mois à Gravity Falls à tout évaluer derrière une moue trop altière pour jouer véritablement de bienveillance. Elle était devenue dure, si dure cette fée autrefois béni par les étoiles, et si elle pleurait parfois encore sur cet optimisme et joie de vivre qui avait été les siennes, elle avait finit par se convaincre que les enterrer étaient peut être le mieux pour assurer sa survie et celle de sa meute. Alors elle inspire profondément cette reine sans couronne, rappelant à l'ordre ce corps vacillant devant une proposition qui ne la confronte que trop brutalement à un passé sensible.

Cuisiner pour elle ? C'est... Inattendu. A dire vrai, la brune avait plutôt imaginé faire des pancakes et daigner les partager avec ce frère sans un regard, peut être échanger quelques mots ou timide sourire mais l’initiative aurait été la sienne, celle de l’aînée qu'elle est supposée être, celle d'un rôle qu'elle n'assume pourtant en rien. Alors la brune adosse ses airs impérieux au mur et détaille longuement ce sourire trop franc, un tremblement au bout de l'iris. Revoit-elle dans cette simple proposition tout ces éclats de rire partagé et élan créatif plaqué sur une assiette à coup de ketchup et imagination débordante ? Assurément, et c'est bien malgré elle qu'un doux sourire s'inscrit sur ses lèvres, ravivant à petit feu l'éclat d'un regard habituellement trop sauvage. Cette emprise qu'il a sur son cœur finira par causer la perte de cette amazone trop fière, elle le sait et pourtant, doucement, renouant avec cet éther dictame qui avait toujours su caractériser ses adresses, la brune approche ses doigts de ce visage fraternel pour finalement chercher au plus profond de ses iris un je-ne-sais-quoi qui l'occupe pourtant de longue instant. Cependant, ce qui s'annonçait pourtant comme les prémisses d'une nouvelle étreinte s'effondra au frontière de ses lèvres. Un baisé presque fébrile s'apposa sur le front du blond comme pour sceller les spectres qui hantait l'esprit de la brune. Elle se savait volubile parfois et vider son sac après le passage de l'alcool n'était en rien une bonne idée. Qui sait ce que penserait Tristan ? Réaliserait-il enfin ô combien elle était faible ? Incapable de tenir face aux démons qui lui montrait les crocs depuis trop de temps déjà ? Lui en voudrait-il ? Forcément. Lui avait fait preuve de tant de force en trois année, tant et si bien que traîner ce poids mort que constituait sa maudite sœur finirait tôt ou tard par l'user. Comme son père. Et puis en soit, si l'atmosphère familiale s'était vicié n'était-ce pas de sa faute à elle ? Tristan s'était reconstruit, Sam aussi, alors pourquoi traînait-elle tant la patte ? Un effort était-il si difficile à accomplir ? Oublie. Oublie simplement tout ça June, si les autres y sont parvenu, pourquoi pas toi ? Tout ira bien, on te l'a promis, pourquoi t'obstines-tu à ne voir que des démons dans un monde que tu chérissais pourtant tant ? Inspire.

"Seulement si tu me fais un bonhomme ketchup... " Murmura t'elle comme pour contrer ce besoin viscéral qui cherchait à se blottir tout contre son petit frère, en quête d'un sentiment de sécurité qui lui faisait défaut depuis trop d'année déjà. La voix effleure des contours plus enfantin, presque boudeur, caractéristique de ces demandes accompagné d'un regard de chaton battu qu'elle dispense encore à son père lorsqu'elle souhaite le suivre au sein de soirée avec ses amis. C'est qu'elle sait prendre des moues adorable quand elle le veut, vile démone. Cependant, il faut croire que ce soir tout ceci ne tient en rien au banal caprice tant il éclot avec timidité. A t'elle honte d'avancer pareille demande ? Peut être, mais elle semble avoir véritablement besoin de renouer avec un pan de son enfance à trop vouloir jouer les adultes. Traîner avec des hommes de l'âge de son père a forcément finit par lui donner des airs pseudo-responsable et chasser, au passage, quelques plaisirs auxquels elle était pourtant trop attaché. Alors, qui à part Tristan pourrait respecter ses envies de gamine ? ...

D'un mouvement aérien, elle parvient cependant à se défaire de ce charme qui l'enchaîne à lui et renoue avec son initial chemin, bercée par le grondement sonore de l'orage qui menace les fenêtres du nid Smilovski. Elle cherche à retrouver cette noblesse quasis divine qui lui sied pourtant si bien mais souffre plus de la fatigue et de l'alcool qu'autre chose. A croire qu'elle s'est inspiré de "La nuit des morts-vivants" de Carpenter pour cette démarche de damnée... "Sans bacon pour moi, je ne mange plus de viande et poisson depuis quelques mois..." Reprend t'elle tout en ouvrant les placards de la cuisine pour en arracher une tablette de chocolat qu'elle découpe en multiple morceau et jette nonchalamment dans une casserole, rapidement accompagné par le lait. Sa main renoue peu après avec le paquet de guimauve qui se trouve au plus loin d'un placard, ce démon tentateur auquel elle était parvenu à résister toute la semaine durant.  Son foie allait forcément subir le contre-coup de la soirée alors autant faire une intoxication au sucre pour au moins retenir quelque chose de positif de cette soirée de débauche, non ? Carrément. Il lui fallait donc de la chantilly en plus. Et de la cannelle, parce que la cannelle, c'est la vie.

"Brave ou Lilo and Stitch ? "
. . .
On vient de perdre June.