L'oeil fermement accroché aux multiples notifications que lui crachait son portable depuis quelques heures déjà, June demeurait immobile, prisonnière de long drap froid qui, s'ils semblaient jusqu'à présent s'être dressés en maigre rempart contre toute ses chimères nocturnes venu l'éveiller en un cri, n'avaient aujourd'hui plus aucun effet. Voilà trois bon jour que la brune au regard d'émeraude n'avaient osé un pas en direction du lycée, soumises aux insomnies, à défaut d'avoir le courage de braver les crocs offerts par les terreurs tapis sous son lit. Si les cauchemars était devenu son lot quotidien ces trois dernières année, condamnant ce fauve à la crinière de jais à un épuisement volontaire pour quelques heures de sommeil, c'était un tout autre mal qui la rongeait depuis peu. Un vide viscérale qui viciait, consumait son être à petit feu pour ne trôner au final que sur un tas ce cendre que représentait sa vie. Ni le sport, ni les commérages de couloir, ni même la totalité du venin qu'eut un jour engendré son cœur ne semblait pouvoir, ne serait-ce qu'un peu,  mouvoir cet état de fait. Elle était vide, et ce constat l'effrayait au plus haut point.
Etait-ce donc ça, le prix à payer pour cette vie sauvage et furibonde ? Rien de bien étonnant au final. Elle avait jouait les démons, avait aiguisé ses crocs sur les larmes et craintes d'autrui alors comment avait-elle pu espérer une fin heureuse ?
Si les cris étouffé à même les coussins de sa chambre s'étaient fait rebelles, lutant avec bravoure contre une fatalité qui semblait pourtant immuable, c'était tout doucement que June avait finit par délier ses peurs pour affronter cette rupture contre naturelle. Celle qui l’opposait à elle-même. A cette petite mort qui guettait son propre coeur. La situation avait au moins pour point positif celà ; si le vide se faisait effrayant, il avait su écraser méthodiquement la douleur et haine qui semblaient être devenu ses moteurs. Une asphyxie morale et mentale, certes, mais une asphyxie qui pouvait fleurir dans autre chose que ce terreau trop fertile dans lequel avait su croître ses pires démons. C'était ça de prit.

Figé sous ses draps, cette Eurydice au trait de fée plongea une dernière fois ses iris sur le collier de perle que tenait fermement ses doigts. Un collier qui, il y avait quelque jour à peine, aurait déclenché sanglot et cris mais qui, aujourd'hui, n'apposait qu'un fer rouge sur son coeur. Cela scellait-il l'existence de sa mère pour la jeter, brutalement, dans la corbeille des souvenirs ? Cesser de la pleurer condamnait-elle sa vie à un "retour à la normal" auquel elle se refusait tant, de peur de ne compter un autre cadavre sur le coeur ? Tris... Un pas ramena June à la réalité, redressant à demi son dos pour la voir émerger des couvertures. Instinctivement, son regard embrassa la porte sans pour autant n'éclore sous la coupe de l'inquiétude : Depuis hier, elle était enfermée à double tour et pas même Sam, ce père aimé, n'avait su extraire cette fille à papa à sa cage alors, si même lui n'avait pu passer, soyez certain que ni Tristâche, ni Freaky Pines 1 ne pourrait se glisser jusqu'à cette impératrice déchue.
Les repas s'était donc fait sans ses regards noirs et les dialogues raccourcis au mieux, à l'abri d'une porte ou d'un texto pour ne pas à avoir à affronter un quelconque contact visuel avec sa famille. Que penserait son père s'il apprenait que sa fille venait de stupidement perdre son âme et était, par conséquent à la solde d'un démon ? Qu'arguerait son frère, après toute les menaces à la normalité dispensé par Miss Smilovbitchy, lorsqu'il comprendrait que des deux, c'était elle qui mettait le plus en danger sa famille ? Pouvait-elle seulement oser croiser leur regard en sachant que le moindre faux pas pouvait prendre pour cible l'un ou l'autre ?

Allez, ressaisit toi June. Tu es forte, et si une anomalie comme Pines peut survivre à un Weirdmageddon, il n'y a aucune raison pour que tu ne parvienne pas à échapper à ce mauvais pas. Tu es une Smilovski June. Mieux encore, tu es la fille de Sam. Rien ne peux t'enchaîner indéfiniment à pareille condition n'est-ce pas ? Pas même les cavaliers de l'apocalypse ou les groupies des Sev'ral Timez.
D'un mouvement déterminé, la brune balaya l'emprise de sa couette extra douce pour poser pied à terre. Ok. Demain elle affronterait le lycée sans ne laisser transparaître quoi que ce soit. Elle endosserait sa couronne, reprendrait la tête des groupes les plus populaires et reprendrait un train de vie normal. Normal. Portable au rapport. Mode lecture intensive des 62 nouveaux messages : on.

« . . . Pines vient de faire quoi ?!! »

L'iris pendu aux résumés multiples et altérés des dociles personnes venu rapporter la scène à notre June aux sourcils froncés, la belle ramena Gervais, sa peluche lagomorphe tout contre sa poitrine. Mais... Cette face de casserole avait-elle décidée d'effectuer un suicide social ou...? Comment ça, il s'en était prit verbalement à Pacifica ?!! A SA PACIFICA ?!! Pourquoi personne ne rapportait les mêmes propos ? Ne pouvait t'-elle donc, définitivement pas, avoir une source fiable dans ce monde d'incapable ? Et.. Oh. Pacific... C'était quoi ce spamm ?
Si la prise de June se resserra autour de Gervais, calant son menton sur la tête de la peluche pour délier avec attention les informations qui la noyaient, il ne fallut que peu de temps à la brune pour comprendre que c'était une furie blonde qui allait débarquer sous peu. Ok. Elle s'habille, range la réserve de paquet de gâteau qui lui permet de tenir depuis trois jours et s'incarne comme l'alpha qu'elle est supposée êtr...
La sonnette hurla, vint se tordre sous l'impulsion féroce d'une invité que June devinait être la sienne et s'est, pressé par un pas lourd et rapide, que la brune déverrouilla sa porte, manquant de se la manger lorsque celle-ci s'ouvrit en grand fracas.

Puis vint véritablement le chaos. Un chaos informe, bouillonnant entre ses mains, hurlant au rythme de grand geste. Pacifica...? La blonde crachait et vociférait, s'incarnant en féroce dragonne venu soumettre le monde sous les pires brasier et ce, sous le regard impuissant de la brune. Respire. Mais elle hurlait, sa précieuse Pacifica, et c'est doucement que June vint trôner sur son matelas, croisant les jambes devant pareil spectacle pour l'aborder avec un calme des plus stupéfiant. Siffler quelques insultes à l'égard du brun n'envenimerait que d'avantage les choses et si l'état de Pines ne l'importait en aucun cas, celui de Pacifica, au contraire, semblait piquer le coeur de la jeune femme. Elle a besoin de vider son sac alors soit, June demeure silencieuse, cherchant au plus profond de cette gestuelle les clefs d'un abordage serein. L'ego de la blonde a été piqué, cela ne fait aucun doute, et ce avec une telle force que, pour la première fois, Smilovski envisage la relation partagé entre sa précieuse confidente et l'horreur que compose Dipper sous un autre angle. L'apprécierait-elle plus qu'elle n'osait l'admettre ? Mais voilà, la furie blonde s'effondre sur son matelas et c'est tout doucement que June s'allonge à ses côtés pour glisser une main tranquille sur sa chevelure.

Le geste se fit dictame, plus encore lorsqu'une larme vint tordre le coeur de la brune, égrainé au fil d'un propos qui ne creusa qu'un peu plus son silence. Alors, tout doucement June renoua avec cette délicatesse dont elle ne graciait plus que Pacifica, ramenant sa cadette tout contre elle pour épouser, dans un tranquille « Tu es mille fois plus précieuse que toute cette ville réunit Pacifica. Bien plus forte que ton esprit ne te le crache. Cesse de te torturer, tu n'as rien avoir avec eux... D'acc ? » un doux sourire qui se voulait apaisant. Elle n'aimait pas la savoir ainsi, et il fallait croire que son instinct de grande soeur plus du tout assumé faisait des siennes lorsque l'on mettait en contact des êtres aimés et pareil minois. On passera sur la PLS mentale instauré par le regard humide de Tristan quelque semaine plus tôt. Le coeur est faible. Si faible.

« Tu n'es pas quelqu'un de mauvais Pacifica. » Reprend doucement June en replaçant les mèches de la plus jeune. Mouais. Tu n'es pas la mieux placé pour établir une limite entre bien ou mal Smilovski, tu le sais hein ? Et pourtant, la brune semble sincère, semant son sourire en chemin pour au final se perdre en contemplation. « Mais moi oui, du coup je peux graver mon talon sur la joue de Pines si ça te fait un peu de bien. »